Et puisqu’il faut bien régler tout cela, elle se lance sur la route, abandonnant mari médecin esthétique, fils brillant et clients de son agence évènementielle. Au fin fond d’une province ignorée, dans un village à l’hôtellerie fragmentaire, les "gentils" sont rares. Heureusement, un agent immobilier chargé de la vente va assurer un service d’accueil minimum. Les voilà partis à l’assaut d’une forêt baptisée par les bonnes âmes du coin : la forêt des sorciers !
Les brumes de l’apparence de Frédérique Deghelt © La vie est belle Voyages |
Ronces, arbres noués, masure sans toit ou presque… Bref, dix hectares d’enchevêtrement végétal traversés par une rivière lointaine, éclairés par des bandes de lucioles. Pas vraiment rassurant… Alors, pourquoi Gabrielle passe-t-elle la nuit dans la seule pièce acceptable de la minuscule maison ? Et cette odeur de fleurs blanches d’où vient-elle ? Dans son sommeil peuplé de rêves étranges et de cauchemars, elle ne sait plus très bien si elle est allée se baigner dans l’anse de la rivière… Et qui est Francesca, cette vieille femme dont l’allure et le visage lui rappellent d’anciens souvenirs.
Gabrielle voulait voir, vendre, se débarrasser de cet encombrant héritage… Elle va se découvrir des liens insoupçonnés avec la nature, les êtres, vivants et morts. Au gré d’un accident, elle découvre sa médiumnité.
La combattre ne suffira pas… Et s’il lui fallait l’apprivoiser ? En temps réel, l’auteure nous fait partager les tâtonnements et interrogations de Gabrielle suivis de révélations inattendues.
Un bémol : l'usage forcené des pronoms relatifs et du négatif qui alourdissent le propos de l’auteur. On passe souvent de phrases magnifiques, simples et lumineuses à une pelote emmêlée de mots, tout en version négative, dont il faut tirer le bon fil pour en comprendre le sens.
Mais oublions. Les brumes de l’apparence est un très joli roman de Frédérique Deghelt. Il nous interroge sur la différence, sur les choix de nos vies, sur la réalité de nos perceptions. On s’attache volontiers aux personnages, à leur évolution, à leur fuite parfois. Et la fin est un bonheur.
Judith Lossmann
Les brumes de l’apparence de Frédérique Deghelt aux éditions Actes Sud