lundi 30 décembre 2013

PURGATOIRE DES INNOCENTS de Karine Giebel


On l’avait lue dans " Juste une ombre " qui nous avait glacé les sangs. Avec "Purgatoire de innocents ", Karine Giebel renouvelle sa capacité à nous faire frissonner d’horreur.
Cataloguée auteure de polar, pourtant les flics ont fort peu à faire dans les romans, Karine Giebel revendique plutôt sa capacité à créer des situations paroxystiques et angoissantes où elle se prête à l’analyse des comportements humains. Plus psychologue que limier, elle fait vivre à ses personnages des situations intenables, qu’ils ont bien mérité, la plupart du temps.


Purgatoire des innocents de Karine Giebel chez Fleuve Noir ©La Vie Est Belle Voyages

Dans "Purgatoire des innocents", une bande de potes échappe de peu à la police après un casse où tout a mal tourné et trouve refuge chez Sandra, une vétérinaire de campagne. 

Tenue de main de maître par Raphaël, la bande fait un stop rapide, le temps de soigner le frère du boss, atteint d’une balle perdue. Raphaël, un dur, un voleur pas un tueur, affiche une quarantaine sexy, et presque autant d’années de prison. Il est méchant, n’hésite pas à menacer avec une arme, s’est juré de ne jamais retourner en prison. Ses seules valeurs : son frère, l’argent pour partir vivre peinard ailleurs.
William, frère de Raphaël, un coeur tendre. Trop tendre pour être là. Une grosse erreur de casting dont Raphaël va souffrir. Fred et Christel. Deux pièces rapportées. Embarrassantes. Et Sandra. Vétérinaire et femme de flic… justement parti en mission. Objectif : se barrer avant son retour.
Mais, on vous l’a dit, rien ne tourne rond dans cette histoire de casse.
La vie est dure, terrible dans l’univers de Raphaël et Sandra.
Bienvenue en enfer.
Au fil des 594 pages, Karine Giebel explore l’amour, la douleur, le mensonge, la violence, la terreur… Les méchants deviennent gentils. Les gentils se transforment en monstres. Heureusement le cauchemar s’arrête quand arrive la dernière page à laquelle il était impossible d’échapper.
Judith Lossmann

Purgatoire des innocents de Karine Giebel aux éditions Fleuve Noir.

LES PERROQUETS DE LA PLACE D’AREZZO d’Éric-Emmanuel Schmitt

Ou comment Eric-Emmanuel Schmitt réussit à créer une série littéraire digne d’une série TV…

Nous apprécions particulièrement les romans de Monsieur Schmitt à La Vie est Belle Voyages et c’est toujours avec plaisir que nous lisons ses livres pour vous en faire partager toute la saveur. Avec "Les perroquets…", ce fut plus difficile. La preuve, le livre est sorti l’été dernier et aucun de nos lecteurs/rédacteurs/journalistes n’avait tenté de "s’y coller". Je me suis dévouée…
Les perroquets de la place d’Arezzo - Eric-Emmanuel Schmitt. ©la vie est belle voyages


Et j’ai découvert un étonnant univers. Celui d’une place de Bruxelles (en vrai dans la vie), habitée par des perroquets et des perruches, domiciliés à l’année dans les arbres de cette place depuis qu’un quelconque ambassadeur d’Amérique latine, obligé de partir en laissant ses bagages, a ouvert leurs cages. Les beaux et criards volatiles se sont adaptés et au fil des années ont colonisé l’espace. Au point de devenir aujourd’hui les vedettes des guides touristiques et le titre du dernier roman de Schmitt.
L’auteur a imaginé, une autre colonie, vivant elle aussi autour de la place d’Arezzo, celles des humains.
Et voilà le propos de son roman.
Qui sont-ils réellement ? Que font-ils ? Comment aiment-ils ? Quels sont leurs secrets ? leurs envies ? leurs besoins ? Comment vont-ils se sortir de situations difficiles, embarrassantes, comiques ?
Pas en reste avec les clichés, l’auteur dresse le portrait d’une micro-société. Tout y est. Le malade. Le collectionneur. Le friqué. La menteuse. La langue de pute. Les homosexuels. Le jeune. Le vieux. Le séducteur. La secrétaire amoureuse de son patron. L’obèse. Le jardinier. Le nain. Le meilleur copain du plus beau mec de la place. La joueuse. La pauvre. La femme de ménage. La concierge…
Et l’auteur de faire vivre des aventures à tout ce petit monde en lâchant une bombe : un jour, tous reçoivent dans une enveloppe jaune, un mot : "Ce mot simplement pour te signaler que je t’aime. Signé : tu sais qui. "

Et, nous accrochant pour la curiosité, puis par les évènements et enfin par le coeur, Eric-Emmanuel Schmitt nous balade où il veut, comme il veut, dans une belle histoire d’êtres humains.
Judith Lossmann

Les perroquets de la place d’Arezzo, d’Eric-Emmanuel Schmitt aux éditions Albin Michel.