lundi 30 décembre 2013

PURGATOIRE DES INNOCENTS de Karine Giebel


On l’avait lue dans " Juste une ombre " qui nous avait glacé les sangs. Avec "Purgatoire de innocents ", Karine Giebel renouvelle sa capacité à nous faire frissonner d’horreur.
Cataloguée auteure de polar, pourtant les flics ont fort peu à faire dans les romans, Karine Giebel revendique plutôt sa capacité à créer des situations paroxystiques et angoissantes où elle se prête à l’analyse des comportements humains. Plus psychologue que limier, elle fait vivre à ses personnages des situations intenables, qu’ils ont bien mérité, la plupart du temps.


Purgatoire des innocents de Karine Giebel chez Fleuve Noir ©La Vie Est Belle Voyages

Dans "Purgatoire des innocents", une bande de potes échappe de peu à la police après un casse où tout a mal tourné et trouve refuge chez Sandra, une vétérinaire de campagne. 

Tenue de main de maître par Raphaël, la bande fait un stop rapide, le temps de soigner le frère du boss, atteint d’une balle perdue. Raphaël, un dur, un voleur pas un tueur, affiche une quarantaine sexy, et presque autant d’années de prison. Il est méchant, n’hésite pas à menacer avec une arme, s’est juré de ne jamais retourner en prison. Ses seules valeurs : son frère, l’argent pour partir vivre peinard ailleurs.
William, frère de Raphaël, un coeur tendre. Trop tendre pour être là. Une grosse erreur de casting dont Raphaël va souffrir. Fred et Christel. Deux pièces rapportées. Embarrassantes. Et Sandra. Vétérinaire et femme de flic… justement parti en mission. Objectif : se barrer avant son retour.
Mais, on vous l’a dit, rien ne tourne rond dans cette histoire de casse.
La vie est dure, terrible dans l’univers de Raphaël et Sandra.
Bienvenue en enfer.
Au fil des 594 pages, Karine Giebel explore l’amour, la douleur, le mensonge, la violence, la terreur… Les méchants deviennent gentils. Les gentils se transforment en monstres. Heureusement le cauchemar s’arrête quand arrive la dernière page à laquelle il était impossible d’échapper.
Judith Lossmann

Purgatoire des innocents de Karine Giebel aux éditions Fleuve Noir.

LES PERROQUETS DE LA PLACE D’AREZZO d’Éric-Emmanuel Schmitt

Ou comment Eric-Emmanuel Schmitt réussit à créer une série littéraire digne d’une série TV…

Nous apprécions particulièrement les romans de Monsieur Schmitt à La Vie est Belle Voyages et c’est toujours avec plaisir que nous lisons ses livres pour vous en faire partager toute la saveur. Avec "Les perroquets…", ce fut plus difficile. La preuve, le livre est sorti l’été dernier et aucun de nos lecteurs/rédacteurs/journalistes n’avait tenté de "s’y coller". Je me suis dévouée…
Les perroquets de la place d’Arezzo - Eric-Emmanuel Schmitt. ©la vie est belle voyages


Et j’ai découvert un étonnant univers. Celui d’une place de Bruxelles (en vrai dans la vie), habitée par des perroquets et des perruches, domiciliés à l’année dans les arbres de cette place depuis qu’un quelconque ambassadeur d’Amérique latine, obligé de partir en laissant ses bagages, a ouvert leurs cages. Les beaux et criards volatiles se sont adaptés et au fil des années ont colonisé l’espace. Au point de devenir aujourd’hui les vedettes des guides touristiques et le titre du dernier roman de Schmitt.
L’auteur a imaginé, une autre colonie, vivant elle aussi autour de la place d’Arezzo, celles des humains.
Et voilà le propos de son roman.
Qui sont-ils réellement ? Que font-ils ? Comment aiment-ils ? Quels sont leurs secrets ? leurs envies ? leurs besoins ? Comment vont-ils se sortir de situations difficiles, embarrassantes, comiques ?
Pas en reste avec les clichés, l’auteur dresse le portrait d’une micro-société. Tout y est. Le malade. Le collectionneur. Le friqué. La menteuse. La langue de pute. Les homosexuels. Le jeune. Le vieux. Le séducteur. La secrétaire amoureuse de son patron. L’obèse. Le jardinier. Le nain. Le meilleur copain du plus beau mec de la place. La joueuse. La pauvre. La femme de ménage. La concierge…
Et l’auteur de faire vivre des aventures à tout ce petit monde en lâchant une bombe : un jour, tous reçoivent dans une enveloppe jaune, un mot : "Ce mot simplement pour te signaler que je t’aime. Signé : tu sais qui. "

Et, nous accrochant pour la curiosité, puis par les évènements et enfin par le coeur, Eric-Emmanuel Schmitt nous balade où il veut, comme il veut, dans une belle histoire d’êtres humains.
Judith Lossmann

Les perroquets de la place d’Arezzo, d’Eric-Emmanuel Schmitt aux éditions Albin Michel.


jeudi 14 novembre 2013

L’ÉTAT DU CIEL de Pierre Péju

Rien ne va plus dans la vie de ce couple auparavant fusionnel…
Rien ne va plus depuis qu’un élément de leur puzzle a disparu…

L’ÉTAT DU CIEL DE PIERRE FRÉJU - LaVie Est Belle Voyages -

Nora est allongée dans le lit, le visage défait.
Nora, se cache dans la terre. S’enferme entre les racines des arbres.
Nora, artiste, ne peint plus.
Nora, artiste, crée des monstres aux visages grimaçants, aux doigts de bois fourchus et agressifs.
Matthias s’enferme dans son métier de médecin.
Matthias ne sait plus comment aider Nora.
Matthias ne sait plus comment vivre avec sa culpabilité.
Matthias veut partir en mission humanitaire, là où peut-êter quelqu’un le tuera.
Raphaël n’est plus un ange puisqu’il n’a plus de mission.
Raphaël s’ennuie dans ce ciel sans dieux.
Raphaël s’autorise une escapade.
Raphaël va faire un ultime miracle - s’il peut encore - dans la vie de Nora et Matthias.

Et l’enfant paru…

Judith Lossmann

L’état du ciel de Pierre Péju chez Gallimard.

vendredi 8 novembre 2013

CHRONIQUES DES OMBRES, de Pierre Bordage

Le grand écrivain français de Science Fiction ( euhhhh… avec Chroniques des Ombres peut-être sommes-nous seulement dans l’anticipation), nous livre des chroniques compactées en un roman fleuve, une fresque hallucinante. Ce genre de livre impossible à lâcher.

Chroniques des Ombres - Pierre Bordage - Au Diable Vauvert © La Vie Est Belle Voyages

Pierre Bordage explore un monde après la Grande Guerre. Pas de date mais probablement sommes-nous toute fin 21ème siècle ou courant 22ème siècle. Va savoir.

Deux "humanités" font ce qu’elles peuvent pour survivre. La première, celle des Cités Unifiées, vit confortablement, à l’ancienne dirais-je, à l’abri de ses boucliers mais constamment surveillée par des cohortes de systèmes reliés à une puce directement implantée dans le cerveau de chacun de ses habitants. Les "fouineurs", des super flics, possèdent des puces plus performantes et Ganesh, fouineur débutant se voit doté - sans son accord- d’une puce ultra performante, bien au-delà de toutes les autres.

L’autre "humanité", celle des gueux, des provinciaux d’avant, trop loin des grandes villes pour profiter de leurs abris, a été reléguée hors des boucliers. Elle y survit plutôt mal que bien. Les hommes, les horcites, y vivent par clan de petite taille. Certains pratiquent le retour à la bestialité. D’autres sont devenus anthropophages. Les mieux lotis font de leur mieux pour faire perdurer un reste de civilisation. Les clans ont leur guérisseur, leur chamane. Au milieu de cette jungle, les rejetons des atomisés de la Grande Guerre trimballent leurs difformités.
Partout s’élèvent des guerres de clans. Systématiquement, l’un veut prendre ce qui appartient à l’autre. Il reste quelques traces de la civilisation d’autrefois. Quelques immeubles miraculeusement debout. On s’habille de hardes. On mange de la viande de rat noir boucanée. On a peur de l’eau. Dans cette atmosphère de survie perpétuelle, devenue le lot quotidien des hommes, aura lieu une belle rencontre entre Deux Lunes, un jeune guérisseur et Naja une maigrichonne sans forme du quartier du Noyau.

Au même moment, deux fléaux s’abattent sur les CU et le pays vague (horscite). Les Cavaliers de l’Apocalypse chez les uns. Les Ombres chez les autres. On voit les premiers. On ne sait rien des secondes. Leur point commun : leur capacité à tuer en nombre et en silence des quantités folles d’humains sans qu’il semble possible de les en empêcher.

Ganesh et son pote Théo, Deux Lunes, Naja et leurs compagnons d’infortune, vont mener l’enquête tout en fuyant la mort annoncée et définitive des hommes de la planète Terre.

Foisonnant, riche, incroyablement vivant et détaillé, c’est à ce long, ce terrible, cet extrêmement dangereux voyage que nous invitent Pierre Bordage et ses personnages.

Judith Lossmann

Chroniques des Ombres de Pierre Bordage aux éditions Au Diable Vauvert. Parution : 24 octobre 2013.



mercredi 23 octobre 2013

L’ANALPHABÈTE QUI SAVAIT COMPTER, le dernier roman de Jonas Jonasson

J’avais littéralement fondu pour le premier roman de Jonas Jonasson Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire et j’attendais avec impatience, le prochain roman de l’auteur suédois. Lire son interview.

Et voilà, il est arrivé. Avec L’analphabète qui ne savait compter on se retrouve dans la droite ligne de ce qu’il convient bien d’appeler le style Jonasson. Un monde aberrant, plein de tous les possibles, où l’aventure se déchaîne à chaque coin de rue… C’est définitivement la marque de fabrique de l’auteur. Il prend des situations irréalistes, rocambolesques et les traite comme si tout cela était parfaitement normal. Sans doute parce qu’ils les saupoudrent d’Histoire, de référents connus, d’hommes et de femmes célèbres. Et ainsi la sauce prend…

l’analphabète qui ne savait pas compter de Jonas Jonasson - www.lavieestbellemag.com


Royal, il nous balade en terre d’Absurdie et réussit le tour de force de nous entrainer, dans ce dernier roman comme dans le précédent, tout au long de la vie d’une héroïne, une jeune black des ghettos de Soweto, vraiment pas classique où rien de ce qu’il raconte n’est possible (dans la vraie vie) mais où l’on se prend à tourner les pages pour savoir comment la fine équipe va s’en sortir pour se débarrasser d’une bombe atomique cachée temporairement dans un camion de livraison volée rempli de pommes de terre. Le tout sous le regard inquiet du Premier ministre suédois et sous le regard un rien lubrique et soiffard du roi de Suède. Et ceci ne représente qu’un exemple parmi les milliers de situations inventés par l’auteur, sans conteste le roi de la comédie déjantée.

L’analphabète qui savait compter de Jonas Jonasson aux presses de la cité. Parution le 17 octobre 2013

Écouter Jonas Jonasson

dimanche 20 octobre 2013

APRÈS LA FIN, le nouveau roman de Barbara Abel

20 ans de vie commune…
Tiphaine et Sylvain ne s’entendent plus très bien, empêtrés qu’ils sont dans leurs problèmes de couple…
Mais il n’y a pas que cela…

Chaque jour, élever Milo leur fils de 15 ans, devient une épreuve plus difficile. D’autant que Milo est leurs fils adoptif… Il était l’ami de Maxime, leur véritable enfant, décédé accidentellement à l’âge de 7 ans, il y a quelques années. Il est surtout le fils de leur meilleur ami et ancien voisin, David, qui s’est pendu dans sa propre maison. Il est aussi l’héritier de la maison de son père dans laquelle vit désormais la famille recomposée… 
Un jour, s’il comprend que ses parents adoptifs ne sont pas étrangers à tous ces drames, il risque de devenir un témoin gênant.


Après la fin de Barbara Abel - La suite et fin de Derrière la Haine. © www.lavieestbellemag.com


Et, voilà qu’une nouvelle voisine vient s’installer dans leur ancienne maison, de l’autre côté de la haie avec ses enfants dont un fils de 7 ans…
Cette arrivée va déclencher le drame…

À la rédaction nous avions adoré le précédent livre de Barbara Abel, Derrière la haine, qui posait à la fin, la situation de départ de cette suite dans laquelle, dommage, l’âme n’est plus…
Derrière la haine, se suffit à lui-même… Poursuivre l’histoire avec Après la fin ne présente pas énormément d’attraits. Certes, avec cet opus, la morale est sauve. Mais justement, la fascination qu’exerçait Derrière la haine sur les lecteurs, tenait à cette impunité totale, à ce délire narcissique, à ce déchaînement de haine…

Je comprends bien que l’auteure ait eu envie d’ajouter un épisode. Et puis, elle avait sans doute des comptes à régler avec ses personnages. Après la fin est le livre de trop. Ceci dit, les amateurs retrouveront l’ambiance délétère du premier.


Après la fin de Barbara Abel chez Fleuve Noir. Parution le 14 novembre 2013

mercredi 18 septembre 2013

SOLIPSISME, LES CLES DES ENFERS de Richard Geindre.

Déjà, ça commence mal.
Le livre est signé d’un certain Richard Geindre (mais qu’a-t-il donc à cacher ? Serait-ce un auteur  apprécié dans un autre genre qui n’assumerait pas sa laaaaarge part d’ombre ?). Si Geindre est son nom de famille réel, c’était prédestiné. Si c’est un pseudo, ouf, l’homme a un minimum conscience de son pitoyable talent et sait qu’il va nous faire souffrir car geindre, est tout ce qu’il réussit à provoquer à la lecture de son insipide prose sans intérêt.

Rarement  lu pire que Solipsisme, les clés des enfers ©lavieestbellemag.com


Le lisant (il faut bien faire son boulot, que diable !), je pense à tous les auteurs méconnus, pleins de talent, capables d’écrire des romans, des récits avec grâce et efficacité et qui ne sont jamais publiés.
Le lisant, je m’inquiète pour les éditeurs incapables du moindre discernement (je connais, chère Edition Beaurepaire, nombre de lecteurs formidables qui feraient d’excellents directeurs de collections que vous devriez intégrer vite fait, bien fait.) mais pressés de proposer à la lecture, cette soupe vomitive aux saveurs aigre, sale, pornographique, gore et j’en passe.

Le personnage, si tant est que l’on puisse qualifier de personnage, ce ramassis de clichés, attrapés au fil des séries TV de dernière zone et des revues de cul… n’a aucune consistance. Selon le "cogito" de Descartes, il pense donc il est. Mais comme il pense comme une merde…
Pourtant, le principe habituellement retenu pour les anti-héros c’est de nous conduire à adorer les détester. Là, c’est impossible car il n’existe tout simplement pas. N’est pas Dexter qui veut !

Surtout garder vos 17 euros pour un autre livre (nous en avons chroniqués de formidables. Cf La Vie Est belle Voyages. ) Avec sa psychologie à deux balles… son écriture approximative ponctuée de quelques mots savants justifiant peut-être son nouveau statut de romancier… son absence totale d’unité de lieu et de temps… ses dialogues pré-adolescents après une soirée la tête dans un sac plastique…  ce livre n’est décidément pas lisible.
Surtout garder vos 17 euros, je n’ai pas envie que Monsieur Geindre, encouragé par quelques ventes, en produise un jour un second, se croyant devenu auteur !

Son objectif supposé : illustrer ce qu’est un solipsisme ? Réponse : un idéal philosophique selon lequel il n’existe, pour le sujet pensant - ici l’auteur-  qu’une seule réalité, la sienne. Et bien, cela aussi est raté puisque existe, Monsieur Geindre, aussi la réalité du lecteur qui n’a pas envie de vous lire.

Ce livre pue. J’ai rarement trouvé aucun intérêt à un livre. Maintenant c’est fait !

Judith Lossmann

lundi 10 juin 2013

LES LUMINEUSES de Lauren Beukes

Elle a survécu. Il pensait l’avoir tuée. Elle veut se venger. Il va la retrouver.

En 1931, Harper, un marginal assassin se réfugie dans une vieille maison abandonnée. À l’intérieur, il a une vision. Il voit de visages de femmes auréolés de lumière et des objets qui leur sont associés. Un petit poney. Une carte de base-ball. Un dessin… Il comprend qu’il doit les trouver et les tuer.

Les lumineuses de Lauren Beukes
Texte : Judith Lossmann
www.lavieestbellemag.com


Au fil des années, il va réussir à créer des "constellations" en réunissant les femmes les unes après les autres dans une série de meurtres avec des mises en scène macabres. Il est aidé en cela par la maison elle-même qui lui permet de voyager dans le temps. Il trouve donc ces victimes en 1943, 1954, 1972, 1992, se réfugiant entre ses crimes dans l’étrange maison en 1931. Kirby, laissée pour morte va réussir à s’en sortir et mettre en péril l’organisation parfaitement huilée de l’assassin.

On prend plaisir à lire ce livre dont la principale originalité repose sur ce mélange policier/fantastique. Parfois un peu confus, il nous promène d’une décennie à l’autre. On s’attache bien vite à Kirby, la victime vengeresse armée d’un courage et d’une force de vie hallucinants. Mais on aurait aimé mieux comprendre comment fonctionne cette maison et avoir son point de vue.

Les lumineuses de Lauren Beukes aux éditions Presses de la Cité.

samedi 6 avril 2013

NE T’ÉLOIGNE PAS D’HARLAN COBEN chez Belfond Noir

Bof, bof, bof !

On a connu un Harlan Coben en bien meilleure forme que dans ce roman, compilation de mauvaise qualité des poncifs du genre : la pute repentie, le flic tenace, le tueur à répétition, les cadavres entassés et évidemment un coupable insoupçonnable qui, finalement, avait toutes les bonnes raisons d’agir comme il agissait. Ouf, la morale est sauve !
Alors soit l’auteur était en perte d’inspiration sur ce roman soit les séries policières, de plus en plus bonnes, nous habituent à un certain niveau d’énigmes et de narration.
Je ne le conseille pas.

Judith Lossmann

Ne t’éloigne pas d’Harlan Coben aux éditons Belfond Noir.

samedi 23 février 2013

1000 LIEUX QU’IL FAUT AVOIR VUS DANS SA VIE chez Flammarion

Nous ne serions pas un véritable magazine de voyages si nous ne parlions de ce best-seller mondial que tout voyageur inextinguible se doit de posséder sur sa table de chevet…

Ce tout nouveau livre, seconde édition d’un best-seller vendu à plus de 3 millions d’exemplaires dans le monde ! (quand même), propose un tour de la planète au travers 200 pays et destinations immanquables.

1000 Lieux @lavieestbellemag.com


De la Corse aux Bermudes, du Nicaragua au Qatar, de continents en océans et d’îles chaudes en terres gelées, ce guide pose un rayon laser sur les richesses et la beauté de notre petite boule bleue.

Cette nouvelle version toute en couleurs se feuillette comme un livre et se savoure comme un voyage…

Judith Lossmann

Les 1000 lieux qu’il faut avoir vus dans sa vie de Patricia Schultz aux éditions Flammarion.

lundi 18 février 2013

LES PÈRES ET LES MÈRES SONT DES HUMAINS COMME LES AUTRES, de Paul Mesa


Un joli roman plein de surprises où l’histoire contée vaut bien la façon de la raconter.

La petite Bica (1,49m) a une drôle de vie. Depuis sa plus petite enfance, sa mère la trimballe d’un beau-papa à l’autre, explorant ainsi autant de pays et de villes où les attaches se défont à la vitesse des ruptures amoureuses de Maria. Jusqu’au jour où elles s’installent à l’hôtel du Cocher, ainsi baptisé à cause d’une faute d’orthographe de l’imprimeur. Là, les années passent, semble-t-il, dans une relative douceur.
Quand on rencontre Bica, sa mère vient de mourir. Ce n’est pas très grave, parce qu’en fait, la défunte est toujours là, en pleine forme. Certes, il n’y a que Bica pour la voir et échanger avec elle, mais cette étrangeté ne retire rien à la force de la présence maternelle.

Les pères et les mères sont des humains comme les autres.


Alors Bica chercher à aider sa mère et selon la légende familiale doit faire un enfant pour permettre à sa mère de monter au ciel…
Alors Bica cherche un homme pour faire son bébé et son père pour comprendre…
Alors Bica raconte…

Un roman fantaisiste et charmant, mâtiné d’une bonne odeur de café… mais je ne vous en dirai pas plus !

Les pères et les mères sont des humains comme les autres de Paul Mesa aux éditions Albin Michel

mardi 12 février 2013

LE MYSTÉRIEUX Mr KIDDER de Joyce Carol Oates

Sous ses airs légers, ce livre sombre dans les brumes nébuleuses de la séduction transgressive. La jeune Katya Spivak, du haut de ses seize ans et de ses talons 12 cm, fait indéniablement penser à une Lolita revisitée. Et, si elle oscille entre une naïveté de son âge et le cynisme d’une gamine élevée à la dure, c'est pour mieux nous blesser… Un court roman où le merveilleux le dispute à l'obscène…


Tout commence dans la rue. 
Le vieux et très distingué Mr Kidder aborde courtoisement Katya qui reluque une vitrine de dessous affriolants. Méfiante de nature, elle réagit avec la distance qui convient. Pourtant le charme, l'argent, le talent artistique et la grande et belle maison du vieux Kidder vont agir. Katya se laisse éprendre tout comme il semble épris. Il la  traite avec courtoisie et respect. Rapidement, Katya baisse sa garde. Le viel homme est loin d'être aussi sage qu'il y paraît et ses demandes de plus en plus nombreuse et impliquantes vont mettre à mal la conscience de la jeune fille.

Le livre de Joyce Oates inspecte les pratiques quelque peu douteuses des uns et des autres, éraflant au passage la haute idée que les individus se font généralement d'eux-mêmes. Certaines scènes sont assez suggestives. Un peu de sexe et de violence mâtinent l'ensemble d'une réalité sociale que l'on ne peut nier.

Un livre que l'on aime ou que l'on déteste. Le tout est de savoir pourquoi.  

Judith Lossmann

Le Mystérieux Mr Kidder de Joyce Carol Oates aux éditions Philippe Frey.

lundi 11 février 2013

BLACK COFFEE de Sophie Loubière

Vous aimez les meurtres, les histoires sombres, l'esprit road movie et plus particulièrement la mythique route 66 ? Ce livre parfaitement rodé, a été écrit pour vous. Vous le démarrez sur des chapeaux de roues, vous faites des haltes douces amères dans des villes fantômes dotées de bars miteux dans l'esprit Bagdad Café, vous arrivez à destination après moultes péripéties, à ceci près que vous ne parvenez pas du tout là où votre plan de route l'avait prévu. Vous l'aurez compris, dans ce livre, vous ne décidez rien… Et si vous croyez deviner, c'est fait exprès !




Comment ça commence ?

En juillet 1966, dans la petite ville de Narcissa, Oklahoma, un tueur sanguinaire égorge une femme enceinte et une petite fille de 6 ans. Il laisse pour morte la mère d'un jeune garçon, Desmond, qui a vu le bas du visage du tueur. Un parfait inconnu qui va pour toujours changer la vie du gamin, lequel grandit dans la culpabilité de n'avoir pas su défendre sa famille. Et ce n'est pas le père constamment absent, qui va arranger les choses.

Juillet 2007. Lola en rêvait. Avec son mari et ses deux enfants ils font la route 66. Son mari un peu à l'ouest. Le climat est tendu… Un jour, il disparait laissant femme et enfants seuls au bord de la route. Commence pour Lola, une quête de chaque instant. Elle veut savoir où est passé son mari. La police n'ayant jamais retrouvé son corps, elle veut le croire toujours vivant.

Juillet 2011. Le père de Desmond vient de mourir. Contre toute attente, Desmond s'installe dans la maison reçue en héritage. Ce qu'il ignore, c'est la teneur du message laissé à l'attention de son fils par un homme qui doit enfin avouer ce qu'il sait…

Bien sûr, les chemins de Lola et de Desmond vont se croiser pour le meilleur peut-être mais surtout pour le pire…

Judith Losmann

Black Coffee de Sophie Loubière aux éditions Fleuve Noir. 



dimanche 10 février 2013

L'IMPOSSIBLE MISS ELLA de Toni Jordan

Voilà un roman pour rire et s'amuser. Un réel divertissement sur lequel je parierai bien une probable adaptation au cinéma, tant les personnages, les lieux, les protagonistes sont fous et fourmillants… Surtout la jolie Ella…



Plusieurs personnages truculents et hauts en couleurs se partagent l'affiche de livre.
Ella en tête…
Ella, fille, belle-fille, soeur, cousine, des membres d'une famille d'escrocs professionnels très, mais alors très sympathiques. Toute cette bande vit à Cumberland Street, dans une maison remplie de pièces, de couloirs, de passages secrets. Sous l'autorité bienveillante de l'as de la famille, le fondateur du clan : LE père, la joyeuse bande monte des coups, organise des scénarios, achète et vends du matériel, disparaît et réapparait…

Quand on rencontre la rousse Ella la première fois, elle porte de grosses lunettes trop lourdes qui lui glissent du nez, un pantalon kaki moulant fait sur mesure, ceinture en peau de serpent, un top sans manche ajusté vert de la couleur de ses yeux. Aujourd'hui, elle rencontre Daniel Metcalf, l'héritier d'une fortune colossale qui distribue un peu de son argent à des missions scientifiques comme celle qu'Ella vient défendre : trouver les deux derniers tigres de Tasmanie qui hantent le parc national… Tout le monde sait que le tigre de Tasmanie est une espèce éteinte mais pour obtenir 25.000 dollars de contribution financière, Ella et l'ensemble de sa famille sont prêts à mobiliser toutes leurs ressources et leur savoir-faire.

Tout devrait se passer très bien mais le jeune héritier se découvre un intérêt particulièrement aiguisé pour les tigres de Tasmanie d'une part et pour Ella d'autre part. Et si Ella avait commis une erreur dès le départ ?

Bienvenue chez les escrocs aux ressources les plus étonnantes qu'il nous ait été donné de rencontrer. C'est drôle, pétillant, charmant.

Judith Lossmann

L'Impossible Miss Ella de Toni Jordan aux éditions Héloïse d'Ormesson.

LE MUR DE MÉMOIRE d'Anthony Doerr

En Afrique du Sud depuis la disparition de son mari Harold, une vieille dame, Alma, devient "Alzheimer". 
Au Cap, une équipe médicale a mis au point un système pour capter les souvenirs et les conserver sur une cartouche à visionner quand il est utile de "réactiver" la mémoire. 
Alma profite de cette invention géniale, sauf que ses souvenirs intéressent du monde…




J'aime ce livre de nouvelles écrit d'une plume délicate et mystérieuse. Un style à part entière. La naissance d'un écrivain dont la vision du monde est comme "scoliosée" : la réalité est là tout près, juste à côté et pas tout à fait droite. Ou, pour prendre une autre image, celle des silhouettes dans la chaleur du désert, bien présentes mais floues. Superbe et sensible.

Pour vous mettre en bouche…

Après le départ de Pheko, son homme de maison, père célibataire noir de la banlieue du Cap, Alma reste seule dans sa grande maison. Dans la nuit, elle entend des échanges de paroles dans sa cuisine au rez-de-chausée. Vaillante et volontaire, la septuagénaire descend au devant des "visiteurs". Le lendemain matin elle ne se rappelle plus de rien. À son arrivée, Pheko constate la disparition de deux oeufs…

Luvo, un gosse de 15 ans, malade et condamné à une mort certaine dans les mois à venir est l'objet préféré de Roger, un escroc à la petite semaine. L'intérêt de Luvo : ses drôles de petites antennes métalliques plantées dans son crâne.

Dans sa banlieue de 5ème zone, Pheko prend soin de son fils Temba, un enfant chétif et souffreteux en attente d'une opération miraculeuse apte à lui rendre la vie plus facile. Oui mais voilà, Pheko possède tout juste de quoi payer la location de leur cabane en bois.

Dans la belle maison d'Alma, l'agent immobilier et le notaire font l'inventaire.

Six personnages, des vies en cours, une passion pour les fossiles, une étrange machine… Le décor est planté pour une longue nouvelle formidable, originale dans le fond comme dans la forme…

À lire toute affaires cessantes…

Judith Lossmann

Le mur de mémoire d'Anthony Doerr aux éditions Albin Michel, Collection Terres d'Amérique.

lundi 14 janvier 2013

ET N'ATTENDRE PERSONNE, d' Éric Genetet

Un livre intimiste, conjugué à la première personne du singulier masculin…

Une voix masculine douce et profonde, susurre à l'oreille de celles capables d'entendre, tout ce que les femmes ignorent du chagrin d'amour des hommes, de leur instinct paternel, de leur déchirement quand les enfants s'en vont…
Un très joli roman dont la poésie résonne d'un accent de vérité et de vécu… Mais peut-être est-ce mon fantasme à moi ?
Une triste histoire… quoique ! En tout cas, une histoire avec une morale. Une fin insoupçonnable.

Quelques mots sur le livre.
À Strasbourg, Alberto et Isabelle forment un couple harmonieux que rien ne semble capable de venir troubler. C'était sans compter avec l'annonce faite par leur fils unique qui décide de partir s'installer à New York pour un bon moment. Un départ qui fait le bonheur d'Isabelle et le désarroi d'Alberto. Elle se sent pousser des ailes, prend ce temps libre sans enfant comme un trésor de temps à utiliser pour donner libre cours à ses envies. Lui, prend ce temps comme une punition, un rejet. Il se sent inutile et ne sait plus quel sens donner à sa vie. Comment vont-ils ensemble et séparément faire face à une telle divergence de point de vue ?

Éric Genetet décrit les affres de la crise du couple et de la quarantaine avec élégance et sobriété. Un roman qui se lit tout seul …

Judith Lossmann
Et n'attendre personne de Éric Genetet aux éditions Héloïse d'Ormesson

Les 500 de Matthew Quirk

La presse anglo-saxonne le situe entre John Grisham et Robert Ludlum… Je n'irais pas jusque-là ! Cependant, "Les 500" est un premier livre largement bien meilleur que nombre de énième roman d'auteurs connus et bien moins inspirés.

Ajoutons à cela, que le jeune auteur prodige est né en 1981… Un bébé donc ! Mais un bébé capable de produire un livre super bien construit, avec du style, une classe littéraire certaine. En plus, il y a du "fond" dans ce roman, du sentiment humain, de la peine, de la souffrance psychologique, bref de l'empathie…

Quand on plonge tête la première dans l'histoire, tout se tient. Les incidents, le suivi de faits, les rencontres, les explications. Et on veut absolument savoir la fin …

Alors, si c'est si génial que cela, pourquoi n'irais-je pas jusqu'à saluer dans la même direction que la presse américaine ?
Par esprit de contradiction !?
Non.

Tout simplement parce que j'ai l'impression de lire "La Firme" de John Grisham et que ça me gêne un peu aux entournures.
Ensuite parce qu'à force de faire courir son héros, de le faire sauter des toits, plonger dans l'eau glacée du Potomac, se faire ouvrir le torse au scalpel, s'enfoncer une écharde de 30 centimètres dans la cuisse et de continuer à courir comme un lapin de garenne, je vois un gamin qui joue avec ses jouets après avoir vu en boucle les films de Bruce Willis, Schwarzy et Rambo.

Ce n'est pas déplaisant, d'autant que, je le disais, le livre est rempli de bonnes choses…

Disons que j'attends le deuxième à paraître bientôt…

Judith Lossmann

Les 500 de Matthew Quirk aux éditions cherche midi éditeur.

jeudi 3 janvier 2013

L'espoir cette tragédie de Shalom Auslander

J'avais adoré "Les lamentations du prépuce", un récit autobiographique qui faisait la part belle à l'obsédante interrogation récurrente des juifs et des non juifs : qu'est-ce que c'est être juif ? Suivait "Attention, Dieu méchant", une compilation de nouvelles.


Autant dire que j'attendais avec une impatience mal contenue le premier roman de Shalom Auslander. Malheureusement, je m'y suis ennuyée au point de lire en transversal cette pseudo bonne histoire d'une Anne Frank qui habiterait le grenier campagnard d'une maison nouvellement occupée par une famille juive. Tout ce qui donnait du ressort aux nouvelles, plombe le roman ! C'est long, c'est larmoyant, c'est répétitif. En un mot c'est sans intérêt. Je suis d'autant plus triste de ce constat que j'attendais beaucoup et que l'auteur - prometteur - n'avait qu'à commander pour être aimé et encensé.
J'en conclus que la longueur minimale imposée pour être un auteur de romans n'est pas le format idéal d'Auslander.
Le prochain sera génial, j'en prends le pari… Judith Lossmann

L'espoir, cette tragédie, roman de Shalom Auslander aux éditions Belfond.